La définition de l’aventure, c’est une expérience qui comporte du risque et de l’imprévu. C’est ce que je recherchais, concocté et ce que j’ai trouvé.

L’idée de départ c’est de reconnaître le parcours d’un éventuel 200 kilomètres non-stop à organiser dans le cadre du prochain Raidlight Desert Trophy. Un parcours saivage aix frontières extérieures du Wadi-Rum, plus loin que la zone touristique.

La 1ere difficulté, c’est l’eau. Par 35 degrés, il en faut des litres par jours, estimation 8-10 litres par jour, et autant de kilos à porter. Plus nourriture, matériel de bivouac, matériel de sécurité. Plutôt qu’un sac a dos de 15-20 kilos, mon imagination se porte vers un charriot à tirer, type pulka sur roues. Je trouve un modèle sur internet, je le prends a l’essai une semaine, le teste une heure, l’adopte, le bricole, l’acquiers, le teste une autre heure, le bricole, et en avant.

En chemin de l’idée, mon épouse Claudie me demande si je ne préférerais pas qu’elle me fasse une assistance véhiculée. J’explique que ce n’est plus l’aventure et le goût recherché. Alors en dix minutes, d’idées en idées, la voilà embarquée avec inquietude autant qu’envie. Bricolage du charriot pour un attelage 2 personnes, en avant. Le chariot va très bien sur le sol dur, presque aucun effort à le tirer. Mais dans le sable cela devient un véritable effort.

Au vu du poids global, nous revoyons l’objectif à 100 kilomètres en autonomie (plus si affinités…). Sur la carte vue satellite, la partie sud du Wadi-Rum  me fait envie, avec notamment une zone longue vallée de 50 kilomètres sans échappatoire. Je dessine 100 kilomètres et j’en extrait la trace GPS. La veille nous cachons 2 réservoirs de 20 litres d’eau, au 40eme et au 80eme kilomètres, une pelle, un trou, du sable par dessus, … et mémorisation de l’endroit précis pour les retrouver !

Départ au petit matin. Km 0.5, le sac a dos tombe du chariot. Km 0.7, la barre de traction se desolaridarise. Km 2.7, nous avons perdu les 2 bidons en chemin, marche arrière pour les retrouver ! Apres ces péripéties matérielles et quelques autres, réparées de rislan et d’ingéniosité, tout semble enfin bien fonctionner.

Mais quelle chaleur, 35 degrés. Et que du sable, que du sable. La vitesse s’établit à 4-5km/h, sans les multiples pauses d’hydratation. Km 8.2, achat du thé bedouin à l’arche Umh Frut.

Ensuite cap vers le grand sud. Km 21.4, premier feu avec le bois trouvé alentours, thé, compote lyophilisée. Navigation GPS, au gré des paysages magnifiques, plaines, canyons, dromadaires… il n’y a plus personne, juste deux 4×4 croisés. La surprise du col pour ressortir du col, un col ensablé en montée. Long effort, mais l’ombre est arrivée. En haut premier repas la nuit tombée, mais une fois le feu allumé le briquet rends l’âme. Stress pour la suite, oh miracle les seuls touristes que nous verront passent sur la dune au loin devant nous, nous les rejoignons, quémandons un briquet, ils nous en cèdent un.

Reprise la nuit tombée, navigation nocturne avec un peu moins d’anticipation un peu plus compliquée, nous arrivons presque à notre première réserve d’eau cachée, quand nous pasons à côté d’une tente de bedouins. Ils sont surpris de nous voir là de nuit, nous proposent du thé, nous nous arrêtons discuter. Mohamed et sa famille campent ici depuis un mois, pour faire paître leurs trente chèvres et deux chameaux.  De fil en aiguille il nous propose l’hospitalité bédouine , dormir dans la tente « salle à mange ». Nous acceptons cette expérience, au coin du feu un matelas apparaît. Le lendemain au lever du jour thé chaud et quelques gâteaux, et repartons riches de ces discussions sur la vie des bédouins.

Poche a eau cachée retrouvée, nous enfilons la longue vallée de 50 kilomètres. Perdue vers la frontière de l’Arabie Saoudite, barrières rocheuses de chaque côté, nous avançons péniblement sous le soleil brûlant. L’ombre d’un petit arbre est une aubaine pour nos deux arrêts lyophilisés. Kilomètre après kilomètre nous nous enfonçons puis nous rapprochons de la sortie.

Non loin de notre réservoir secret suivant, Km 78.3, nous decidons de stopper là pour la nuit tellement les dunes sont belles. Bivouac de rêve pieds dans le sable sous les etoiles. Depuis ce matin et Mohamed, nous n’avons vu au loin qu’un vehicule et quelques dromadaires.

Reprise tôt le matin, plein d’eau avec le plaisir de retrouver la poche à eau de 20 litres cachée. Un troupeau de chèvres, chiens de troupeau, et un bedouin ravi de venir discuter. Il nous propose du thé, mais ce matin nous n’avons pas le temps et déclinons poliment. Nous remontons une nouvelle longue vallée vers Rum, des airs de Mongolie avec le désert qui ce printemps a beaucoup verdi. Mohamed nous a dit voir des fleurs qu’il n’avait pas vu depuis huit années. Nous traçons droit, à la recherche du sol le moins moi, de cap en cap. Il n’y a pas la moindre brise, nous consommons les bidons à pleines gorgées.

Il est bientôt midi, et nous sommes toujoirs à cheminer en plein soleil. Attachés ensemble de part et d’autre de cette barre nous avons eu le temps de parler de tout, et finalement tout s’est bien passé. Souvent nous nous sommes demandé pourquoi nous avions eu cette idée, enfin pourquoi je l’avais eu et pourquoi Claudie avait eu celle de m’accompagner. Réaliser un défi, vivre une aventure,  l’inconnu de ce qui allait nous attendre, vivre aussi ce que nous imaginions.

Nous retrouvons la partie du Wadi-Rum que je connais, où j’ai plusieurs fois navigué et tracé le Raidlight Desert Trophy. Encore une plaine à traverser une remontée, nous commençons à voir des anumaux dns les formes des rochers, il est temps d’arriver. Mushroom Rock les 100 kilomètres sont atteints, enfin ! Sous la tente boutique à touristes les gens nous regardent avec des yeux ronds. Nous decidons de laisser la cariole ici, et un bidon en main d’aller chercher la voiture en courant à 6km de là. Libération des chevaux (ou des ânes ?), qu’il est agréable de courir ici. Il y a quelques années nous étions là en début de tour du monde sans trop oser nous aventurer, nous voici aujourd’hui avec ce désert jusqu’aux confins apprivoisé. La théière de bedouins achetée l’an dernier baptisée.

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