C’est devenu une habitude : la Barkley ne s’est pas laissée dompter non plus cette année. La course a donc gagné… et on s’est tous fait défoncer ! ? Cette édition 2018 n’a eu qu’un seul finisher sur la Fun Run (3 tours sur les 5, une performance signée Garry Robbins). C’est l’un des plus mauvais scores collectifs depuis plus d’une dizaine d’années ! 

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La première boucle s’est pourtant formidablement bien passée pour moi, avec un tour en 9h07, sans forcer et en étant presque parfait en navigation, malgré la boue et la pluie froide persistante, et accompagné de Valery.

La deuxième boucle a ressemblé à l’apocalypse avec un brouillard incroyable dès la première montée, puis la pluie, puis l’orage quand on était en haut de la montagne avec la foudre à quelques centaines de mètres à peine. La montagne regorgeait d’eau partout et se transformait en ruisseau dans chaque recoin… La progression dans la pluie et la boue est devenue très usante et compliquée. La navigation, qui était mon point fort, a été massacrée par les conditions et ce brouillard intégral. Je n’étais jamais loin, plusieurs fois à quelques mètres à peine du livre que je cherchais ensuite pendant de très longs quarts d’heure, mais des rochers de plusieurs mètres de haut étaient invisibles à cinq mètres. La persévérance a toujours payé, parfois en me contraignant à passer par des endroits incroyables d’enchevêtrements, parfois après être tombé des dizaines de fois et m’être toujours relevé, mais au prix d’une consommation de temps et de fatigue excessive. 

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Horriblement frustré et fatigué mentalement aux 3/4 de la deuxième boucle, après 22 heures de navigation et une nuit compliquée, passée à gagner chaque mètre de progression, j’ai laissé Valery finir sa deuxième boucle juste dans les temps. Pour moi, respecter la barrière horaire aurait été extrêmement difficile. J’aurais dû faire une pause, une micro-sieste, me régénérer mentalement, repartir et finir même hors délais. Mais, frigorifié et trempé depuis des heures malgré l’équipement d’hiver, je crois que je n’y ai même pas songé une seconde.

Laissant Valery trouver les trois derniers livres seuls au petit jour et réussir à quelques minutes près à rentrer dans les délais (bravo, Valery !), j’ai donc essayé une nouvelle voie : la « Quitters Road », autrement dit l’abandon, après un tour 3/4. J’en reste donc à deux tours à la Barkley, comme l’an dernier. Au vu des résultats de tous les concurrents, ce n’était pas la bonne année pour réaliser mon objectif de la Fun Run.

Mention spéciale à Guillaume qui aura passé environ 8 heures coincé par des falaises et le brouillard à devoir attendre le lever du jour pour y voir clair. Un enfer entre le dernier livre et l’arrivée de son troisième tour, finalement – et malheureusement – hors délais.

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Les sentiments qui dominent aujourd’hui sont la déception et la frustration. Avec Valery, nous étions bien préparés physiquement et ma connaissance du terrain de Frozen Head commençait à réellement payer. Nous étions sur la bonne voie. Oui, avec des « si » nous aurions pu réussir l’exploit… En tout cas, cela n’a pas suffi, ni tout simplement été possible cette année.

Comment trouver du positif à cette expérience éprouvante ? Tout simplement en considérant que, de chacune de ces erreurs nocturnes et brumeuses, nous avons appris, mémorisé et noté des détails salutaires qui nous serviront sans aucun doute… l’année prochaine. C’était très difficile, très frustrant, très frigorifiant mais, en affrontant la course la plus difficile du monde dans ses pires conditions, nous pouvons finalement nous estimer avoir été gâtés. ?

La Barkley nous a mangés.
C’est le jeu.
Game over.
Il faudra recommencer…

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